Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…
Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.
« …Humaniser la folie,
Désaliéner les lieux de soins… » claironnait François Tosquelles !
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AUJOURD’HUI
Aujourd’hui c’est le 2 mai
c’est toujours hier
même demain
encore
c’est encore hier
même aujourd’hui
toujours
hier au présent toujours
encore aujourd’hui,
pour toujours
seule l’intensité
varie fluctue
au gré de l’improbable fulgurance
…et demeure
embusquée.
la fuir
l’attendre
la craindre
l’espérer signe de vivant…
mémoire de l’être-avec
intacte de puissance,
violente dans l’absence
un temps commun insoutenable / soutenu
cette division
possible/impossible et là dans l’existence
«Il dit à voix haute le nom qu’il avait jadis porté»… (MacCarthy Cormac)
et le répit …!?
drôle de truc
ne ponctue rien/
de serviable
d’utile
une respiration…
on se croit sauf
çà y est: «MoÏse sauvé des eaux!»
sauf que le vif revient
ce n’était qu’un arrêt momentané
à chacun son nénuphar.
l’absence nous encercle.
Dans la journée / passionnément aimé les nuages et le ciel
avec qui nous avons longuement voyagé,
aimé plus que d’habitude,
aimé être avec toi,
regarder les pivoines poindre dans le massif.
Aimerais demain matin dés le lever qu’on éclate de rire,
errer dans le verger,le jardin,les arbustes,
fréquenter le chant des oiseaux dans le silence,
ranger la scie à bûche qui traîne dans le bassin…
l’oeil divague,
l’air jamais ne suffit.
Choyer ce qui naît.
«Une grande crise est
une crise de rire» écrit Charles Pennequin!
Il me tarde coquin de sort…
Que demain se confirme qu’être tranquille est possible.
B.G.
Sandales de plumes
Nous mettrons nos sandales de plumes
Et prenant notre élan
Nous enjamberons l’océan
Emportant avec nous
Leurs baisers
Leurs lèvres.
Les pupilles de nos aimés s’entrouvriront
Comme le font
Les gentianes
En juin.
Et la chaleur de leurs mains
Le bouquet vibrant de leurs yeux
Nous permettra d’affronter l’hiver.
Christine Bry