Les récits multiples entendus, partagés, générés, l’effet sur mon propre chaos de ce Dit tumultueux d’un autre,
la douloureuse beauté de leur langue singulière et le télescopage quasi permanent de nos imaginaires…
Le trouble éprouvé alors …quels recours !
La littérature, dans toutes ses formes et contenus, l’écriture, et surtout la poésie
le sont devenus.
D’abord sans le savoir.
Jusqu’à ce qu’alors je le décide.
Croiser dans un même élan,
les récits de vie,
les temps d’existence partagé-e-s
la poésie,
et l’élaboration avec tous les modes que m offraient tous ces éléments.
Tenter chaque fois de faire de l’inextricable, de l’incompréhensible, une façon
d’Etre ensemble. Là. Dans l’existence.
« …Humaniser la folie,
Désaliéner les lieux de soins… » claironnait François Tosquelles !
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COLÈRE
Couple Ardent
– J’adore vos boucles, ma chérie.
– J’adore votre ambition, mon amour.
F. Ponge (Lyres)
Habiter en poète.
Habiter en colère.
Mais «habiter»…
«Je ne désencolère pas.
J’ai la colère, je suis en colère.
J’ai la rage.»
dit elle,
dans un souffle.
Endolorie
épuisée
sans repos
rien ne tient plus quand obtenu
avec un intérêt pour l’ apparition du désintérêt
Apparition, attente?
À quoi tenir…
Lasse
dé lassée impossible
enlacée …aussi
difficile d’éprouver la vacance
corps in touchable
corps rompu par l’effort
temps battu / pris de vitesse
Pourquoi?
C’est la question. Peut être…
Ou pas.
Depuis quand? Peut être…
Ou encore: je sais, ou pas, là où se niche
l’origine… de ce lieu du désarroi!
Désarroi? Désastre? Détresse?
Allez savoir…et moi avec!
Désarmée. Démunie.
Pas sûr.
Comme si le malheur devait altérer
à perpétuité
ce qu’on vit.
Le présent.
Mais alors, à quoi çà me sert.
À quoi çà sert.
Comment s’émanciper de ce qu’on nomme le malheur!
Comment prendre la liberté
de rompre avec ces contraintes là!
Si c’était facile, cela se saurait.
Découvrir, rendre visible,
ouvrant une possibilité d’alliance?
Ou pas, garder la colère comme moteur.
Mais en sachant.
…….te regarder vivre, avec appétit, tourment ou pas, cette façon d’écouter, te nourrir de cet autre, regarder la mer, ramer, grimper, t’épuiser, t’enivrer de fatigue, de soleil , le corps en mouvement, comme une nécessité de le sentir vivant, de te sentir vivre.
Singulière.
Forcément singulière.
«ventre à taire
dans l’attente/
guerrière/
de tuer le moindre soupçon
habillées de noir /les ombres.»
( encore et toujours ) BG
Tenter d’être, déjà une œuvre ,
tenter de rester juste dans cette œuvre, un travail à temps plein…quelques fois, un ravissement.
Ne rien lâcher, accepter de se laisser entamer.
Par dessus les marais, les oiseaux ne chantent pas à gorge déployée.
Mais dans le bocage, quel ramage.
H.Michaux
B.G.