Actualités de l'institut d'anthropologie clinique

iac - 10 janvier 2020

mediapart

Enfant battue : « La Maladroite » en débat, un billet de Yves Faucoup

Un article du 10 décembre 2019, que nous relayons avec enthousiasme :

France 3 a diffusé récemment un film La Maladroite, qui retrace l’histoire tragique de Stella, qui n’est autre que la petite Marina, tuée par ses parents dans la Sarthe en 2009. Le film est plutôt bien mené et bien interprété. Il était suivi d’un débat qui, il fallait s’y attendre, contenait les imperfections que certains médias cultivent sur ce genre de sujet.

Lire le billet complet : https://blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/101219/enfant-battue-la-maladroite-en-debat

Lire un extrait : Carole Gaesler […] précise d’entrée de jeu que 50.000 enfants sont victimes de violences dans le huis-clos familial (je me permets d’indiquer qu’une circulaire officielle du 9 juillet 1985 donnait déjà exactement ce chiffre que l’on retrouve depuis sans cesse dans les déclarations publiques). Elle rappelle qu’un enfant meurt tous les cinq jours sous les coups de ses parents, chiffre que reprendra Martine Brousse, présidente de l’association La Voix de l’enfant et Adrien Taquet le secrétaire d’État à la Protection de l’enfance (lui ajoutera, comme à chaque fois : « peut-être deux par semaine »). On doit cependant reconnaître que c’est un progrès car dans le landerneau on a longtemps affirmé que c’était deux enfants tués par leurs parents chaque jour. C’était évidemment faux, corroboré par aucun chiffre, chacun le savait : cette statistique inventée (étaient annoncés exactement 730 enfants tués par an, soit du coup, comme par hasard, deux par jour) était colportée par le ministère, par les médias et par les associations dites de défense des enfants maltraités, comme La Voix de l’enfant, jusqu’à ce que mon ami Laurent Puech, assistant social, publie en 2018 une longue étude sur le site du sociologue Laurent Mucchielli démontrant que ce chiffre invoqué pour mobiliser la société était faux et avait un effet contre-productif puisqu’il incitait à penser qu’il n’y avait rien à faire ce chiffre étant très élevé et ne variant jamais. C’est lui, Laurent Puech, avec force démonstration, qui montra que chaque année 57 enfants étaient tués (dont 43 par un membre de la famille). Le chiffre officiel désormais, pour 2016, est de 67 infanticides commis dans le cadre intrafamilial. Il y a 5 ans, dans un article sur ce blog de Mediapart j’écrivais, sans avoir mené d’enquête approfondie et donc sans prétendre que mon chiffre était l’absolue vérité : « je pense que s’il y en a 70 (dont pour moitié des « bébés secoués ») c’est bien sûr 70 de trop. Je n’ai pas besoin d’afficher un chiffre, non prouvé, dix fois supérieur pour m’en préoccuper. Je rappelle que Bertrand Boulin, psychologue, prétendait sans vergogne dans les années 70, pour être entendu, qu’il y avait 8000 enfants tués chaque année dans leur famille ! »

Enfin, Laurence Brunet-Jambu réclamait que la Protection de l’enfance soit repensée, affirmant que des enfants ne sont pas placés alors qu’ils devraient l’être et que d’autres sont placés sans raison. Elle réclamait un travail en amont avec les familles. Ce propos faisait ainsi la synthèse des reproches adressés au dispositif de protection de l’enfance en France : soit les uns l’accusent de trop procéder à des placements d’enfants, soit les autres de ne pas assez retirer les enfants à leurs parents défaillants. Les professionnels de l’éducatif et du social se sont faits une raison : ils savent qu’ils ne cesseront d’entendre ce genre de griefs. Ce qu’ils voudraient c’est pouvoir justement mener ce travail en amont des placements, auprès de familles en difficulté dans l’éducation de leurs enfants, sans être pour autant (et pour le moment) maltraitantes. Cela suppose que ce secteur soit pris en compte plus sérieusement dans les politiques publiques, sans chercher à satisfaire de façon démagogique une opinion publique prolixe sur le sujet mais au contraire en menant un travail d’explication et d’information approfondie. Et en donnant aux équipes professionnelles un cadre et des moyens leur permettant d’agir, et non pas en les invitant à gérer la pénurie.